Troubles du comportement alimentaire




DEFINITION
Selon le Petit Larousse de la Psychologie, l'anorexie et la boulimie sont ce que nous appelons des troubles du comportement alimentaire.
Ils peuvent avoir des effets désastreux sur la santé et mettre en danger la vie des personnes qui en souffrent.

L'anorexie
L'anorexie mentale se repère lorsque l'on constate un amaigrissement supérieur à 10 % du poids et une absence de règle remontant à plus de 6 mois.

Le diagnostic d'anorexie s'établit sur la présence de trois symptômes dit « des trois A » :
- Anorexie ou conduite de restriction volontaire de nourriture,
- Amaigrissement, conséquence directe de la conduite de restriction volontaire de nourriture,
- Aménorrhée (primaire ou secondaire), témoignage d'un syndrome endocrinien complexe imputable à une sorte de mise en repos de l'hypophyse.

A ceci, nous pouvons ajouter le contexte psychologique bien spécifique de ces jeunes filles. Il peut exister une situation de conflit relationnel avec l'entourage.
De plus, nous pouvons également relever un désintérêt pour toute forme de sexualité génitale ; des troubles de l'image du corps et de ses besoins ; une hyperactivité intellectuelle et motrice ; des difficultés du registre affectif et de l'identité, etc...

La boulimie
La boulimie se caractérise par une consommation irrépressible de nourritures intervenant par des épisodes assez stéréotypés. Elle se différencie de l'hyperphagie où l'on mange trop.

La crise de boulimie commence par une pré-crise marquée par un état de tension, d'angoisse et de manque induisant une envie irrésistible de trouver et d'absorber de la nourriture.
Vient ensuite la crise qui se traduit par une perte totale de contrôle sur le nourriture.
La fin de crise est toujours accompagnée de malaise corporel.
Enfin, arrive la post-crise où émergent des sentiments de regret, de honte et de culpabilité, de dégoût et d'affects dépressifs qui n'empêchent pourtant pas les rechutes.

Le diagnostic de boulimie s'appuie sur l'existence d'épisodes répétés avec une fréquence de deux accès boulimiques en moyenne par semaine sur une période minimum de trois mois.
De plus, il va y avoir un recours à des conduites de vomissement, des exercices physiques ainsi que des restrictions alimentaires, etc...

Selon l'institut universitaire en santé mentale Douglas, les troubles de l'alimentation apparaissent généralement au cours de l'adolescence ou au début de l'âge adulte et sont plus communs chez les jeunes des sociétés industrialisées. Toutefois, les troubles de l'alimentation, particulièrement l'anorexie, sont présents dans toutes sortes de cultures, même celles où le culte de la minceur est absent.
Les hommes représentent environ 10% des personnes affectées par l'anorexie et la boulimie.

LES CAUSES
La boulimie et l'anorexie ont des causes multiples.
Ces troubles ont une origine plurifactorielle : il existe des facteurs socioculturels et familiaux. Mais aussi, nous retrouvons certaines caractéristiques mentales que nous pouvons nommer : facteurs psychologiques.

1) Des facteurs socioculturels
Il existe un contexte qui favorise la maîtrise et la minceur.
C'est ainsi que dans notre société occidentale, nous rejetons l'obésité, nous prônons la minceur, et nous tolérons la maigreur.
Un corps désirable n'est plus un corps en bonne santé mais un corps dont le poids et les formes sont parfaitement contrôlés, et la minceur sans cesse plus flagrante. La recherche de la minceur devient donc, pour la femme surtout, un moyen de s'exprimer, de forger son identité.

Toutefois, tout ceci ne saurait suffire à déclencher un désordre alimentaire.

2) Des facteurs familiaux
Le contexte familial peut aussi être très influent. Des dysfonctionnements au sein de la cellule familiale sont récurrents.

3) Des facteurs psychologiques
Nous notons certaines caractéristiques mentales que nous retrouvons chez les personnes atteintes de trouble du comportement alimentaire :
- le manque de confiance
- l'excès de perfectionnisme
- le besoin de tout maîtriser et la peur de « lâcher prise »
- la perte de l'image de soi
- le rejet du désir et la culpabilité
- le rejet de l'image de la femme
- la difficulté d'expression verbale et émotionnelle
- la méfiance et la tendance à la dissimulation
- l'attachement excessif à l'un des parents
- la peur de ne pas y arriver

Il existe en général des facteurs déclenchants :
 - perte d'une personne proche (décès, maladie d'un proche...)
 - des exigences nouvelles (sur le plan scolaire ou professionnel)
 - entreprise d'un régime (dans 90% des cas, la boulimie commence par un régime drastique qui déstabilise le comportement alimentaire)
 - vécu de la sexualité au moment de la puberté 
 - séparation mal vécue (déménagement, changement d'établissement scolaire, etc...)
 - remarques humiliantes au sujet du poids
 - violences subies (physique ou psychologique)

Pour en savoir plus :

PRISE EN CHARGE
Selon le site psycom  face à un trouble du comportement alimentaire, il est important, dans un premier temps, d'aller consulter son médecin traitant qui est celui qui fera le premier diagnostic. Ce dernier pourra prescrire des examens si cela s'avère nécessaire. Il pourra aussi conseiller sur le choix d'un confrère ou celui d'une équipe hospitalière.

Il existe différents niveaux de suivi
- Le suivi médical : cela concerne la surveillance du poids et de l'état général au niveau physique. Des examens complémentaires peuvent être prescris si cela est nécessaire. De même, des traitements auxiliaires éventuels (vitamines, fer, etc...) peuvent être mis en place.
- Le suivi psychiatrique : il s'agit de l'évaluation de l'état psychique. Il faut évaluer la reconnaissance du trouble ainsi que celle du besoin d'aide. Il est important d'établir une alliance thérapeutique.
- le suivi nutritionnel : cela consiste à mettre en place un programme de réalimentation progressive négocié, afin d'aboutir à un contrat décrivant les différentes étapes pour le retour à une vie normale. Les parents y sont associés.
- la prise en charge familiale : les familles, en souffrance, doivent être aidées et impliquées dans les soins. Des entretiens familiaux peuvent être mis en place.
- La psychothérapie : une psychothérapie peut être proposée. Il peut s'agir d'une psychothérapie individuelle ou de groupe, d'orientation analytique ou cognitivo-comportementale, etc...

Les soins peuvent s'effectuer en ambulatoire c'est à dire qu'il va s'agir d'une hospitalisation de courte durée.
Cela signifie la mise en place d'hospitalisations à la journée, à un rythme dépendant de la gravité médicale et psychologique.  

Une hospitalisation prolongée peut aussi être nécessaire dans les cas suivants :
- Complications médicales (trouble cardiaque, déshydratation), ou psychologiques (dépression sévère, idées de mort, refus de soins..),
- Dénutrition trop sévère et qui met la vie en jeu,
- Famille débordée et épuisée et qui doit être relayée,
- Coordination des soins difficile, compte tenu du contexte familial ou de la situation géographique.

L'hospitalisation est un moment difficile qui confirme la gravité de la situation. Elle doit s'appuyer sur une décision claire des parents, aidés par le médecin. Idéalement, elle doit se réaliser dans un service ayant une compétence dans le traitement de ces troubles.

LES AUTRES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE
En dehors de l'anorexie et de la boulimie, il existe d'autres troubles du comportement alimentaire :

Les compulsions alimentaires / l'hyperphagie 
La compulsion alimentaire (ou hyperphagie) a une forte ressemblance avec la boulimie. Il s'agit de crises caractérisées par l'ingestion d'une grande quantité de nourriture et ceci en dehors des repas. Cependant, à la grande différence de la boulimie, il n'y a pas de comportement dit compensatoire, c'est-à-dire qu'il n'y a ni vomissement, ni hyperactivité.
Pour effectuer un diagnostic, les crises doivent être importantes, fréquentes et conduisent à une souffrance psychique ainsi qu'à un surpoids.

L'orthorexie
L'orthorexie se caractérise par un besoin obsessionnel de s'alimenter de façon diététiquement correcte. Nous ne retrouvons pas de désir d'amaigrissement. La notion de plaisir est ici totalement absente, les aliments ne sont pas sélectionnés pour leur goût mais seulement pour leurs vertus.

Les conduites restrictives obsessionnelles
Les personnes qui souffrent de conduites restrictives obsessionnelles fuient les calories. Ce sont des personnes qui vont être sans cesse au régime. Leur comportement ressemble à celui de l'anorexique. Cependant, leur poids reste acceptable, puisqu'elles continuent un peu de s'alimenter. Elles sont néanmoins bien plus maigres que la moyenne.

Le grignotage pathologique
Le grignotage consiste à manger, en dehors des repas, de petites quantités de nourriture. Il devient pathologique lorsque ces quantités vont former, au bout du compte, un gros volume d'aliments. Ce grignotage va entraîner un surpoids ainsi qu'un réel mal-être. Il est généralement révélateur d'un état dépressif et angoissé.

La rumination
En nutrition, ruminer consiste à faire remonter dans la bouche les aliments qui viennent d'être ingérés pour les déglutir à nouveaux.
L'objectif est de pouvoir « profiter » une nouvelle fois de la sensation procurée par la déglutition, sans les conséquences d'un nouvel apport calorique.
Ce n'est pas un acte volontaire. Cependant, la personne qui rumine en est consciente.
La rumination peut entraîner des lésions de l'œsophage et de l'intérieur de la bouche ainsi qu'un gonflement des glandes salivaires. Il peut y avoir des conséquences sur le plan social comme la peur et la honte de manger devant quelqu'un d'autre.

La néophobie alimentaire
Ce trouble touche essentiellement le jeune enfant. « Néophobie » signifie la peur de la nouveauté. En alimentation, il s'agit donc du refus de manger des aliments inconnus.
Il s'agit d'un passage normal dans le développement de l'enfant. Mais si la néophobie prend des proportions cela relève du trouble anxieux.

Les autres phobies alimentaires
Il existe autant de phobies que de phobiques. Ainsi, certaines personnes refusent catégoriquement de manger de la nourriture d'une certaine couleur ou ne consomment à l'inverse que les aliments d'une couleur. D'autres rejettent le cru, ou au contraire le cuit, etc...

Pour en savoir plus :